Critique : The Green Hornet – A la lanterne, préférez le frelon !

Affiche du film The Green Hornet de Michel Gondry sur laquelle Seth Rogen et Jay Chou avancent masqués vers l'objectif. Au second plan se trouve leur fameuse voiture.

Pourquoi les super-héros ont-ils systématiquement des bons côtés qui viennent rattraper leurs énormes défauts ? Evidemment, Iron Man est égocentrique mais il peut se le permettre puisqu’il est un génie. Thor a raison de se la péter, c’est un dieu capable de maîtriser le tonnerre. Pourquoi tous ces mecs ont forcément un physique avantageux, mis à part Michael Keaton, qui ressemble plus à Julien Lepers qu’à Batman ? Les dents blanches de Christian Bale, le bouc de Robert Downey Jr, les stéroïdes de Chris Hemsworth… Ils ont tous quelque chose pour se mettre en valeur ! Il doit forcément y en avoir un insupportable, stupide, moche et sans pouvoir ni habileté. Eh oui, il y a The Green Hornet.

Comme Bruce Wayne, Britt Reid est fils de milliardaire. C’est d’ailleurs leur seul point commun. Quand le Dark Knight endosse son costume pour aller sauver la veuve et l’orphelin dans les rues de Gotham, Britt préfère se torcher dans les quatre coins de Los Angeles. Mais un jour, son père meurt suite à une piqure d’abeille. Après son enterrement, le héros décide d’aller décapiter la statue qui vient d’être érigée en l’honneur de son paternel. Accompagné de Kato, le mystérieux garagiste de la famille, Britt va tomber sur une bande d’agresseurs et tenter de les arrêter. Le déclic se fait. A partir de maintenant, les deux partenaires vont enfreindre la loi pour mieux la protéger. Cette phrase ne veut pas dire grand chose, mais elle a du sens.

Deux noms nous ont attiré vers ce projet : Michel Gondry (Soyez sympas, rembobinez) et Seth Rogen (En cloque mode d’emploi). Association assez improbable d’autant plus qu’il s’agit ici du premier blockbuster pour le réalisateur français et du second film d’action pour l’acteur comique après le déjanté Délire express. L’œuvre représente donc une sorte de coup d’essai pour les deux artistes. Malgré les critiques mitigées, le résultat nous a largement convaincu. Le scénario, écrit par Rogen et son acolyte Evan Goldberg avec lequel il avait déjà signé le script de Supergrave apporte une fraicheur au genre et suit un schéma inhabituel, ce que ne réussissait pas à faire le Kick Ass de Matthew Vaughn (X Men le commencement).

En effet, Rogen développe particulièrement bien le personnage qu’il interprète, bouffon à l’égo surdimensionné dénué de talent qui n’a pas vraiment envie de changer. S’il veut sauver le monde, ce n’est pas pour le bien de l’humanité mais pour le fun, pour incarner le personnage bad ass qu’il a toujours rêvé d’être. Le véritable héros, au sens premier du terme, est Kato, individu énigmatique qui n’hésite pas à rester dans l’ombre de son partenaire mais qui assure bien plus que lui. Sons sens de l’anticipation lors des scènes de combat et son intelligence nous font penser au Sherlock Holmes de Guy Ritchie. En effet, sans avoir de réel pouvoir, Kato bénéficie néanmoins de capacités surhumaines qui font de lui un être hors du commun. Jay Chou reprend avec talent le rôle qu’occupait Bruce Lee dans la série américaine du même nom, à laquelle Quentin Tarantino rendait hommage dans Kill Bill.

Photo de Seth Rogen et Jay Chou dans le film The Green Hornet de Michel Gondry. Les deux sont dans un prototype de voiture et tirent à la mitrailleuse.

L’autre grosse surprise du film est Christoph Waltz (Inglourious basterds), qui prouve qu’il est l’un des meilleurs acteurs actuels pour jouer les psychopathes. Dans le rôle du criminel mégalomane Chudnofsky, il apporte sa touche à cette grosse farce bien emballée par un cinéaste qui n’est pas au top de sa forme mais qui s’en sort tout de même avec les honneurs. Rendant hommage à l’univers des comics, la mise en scène manque légèrement d’audace et vaut surtout pour les scènes d’action bien chorégraphiées, aux effets jamais trop lourds, toujours très bien découpées et pour un plan séquence mémorable.

The Green Hornet est une bonne surprise, un grand spectacle honnête porté par deux créatifs qui prouvent qu’ils n’ont pas de mal à s’adapter à un genre qui leur est inconnu tout en y apportant leur touche personnelle. Même si la réalisation de Gondry n’est pas sa plus aboutie, il parvient cependant à dynamiser le genre, aidé par le script de son acteur principal qui en retourne intelligemment les codes sans tomber dans l’humour potache, préférant lorgner du côté de l’hommage sincère plutôt que de celui de la parodie loufoque.

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1 réponse à Critique : The Green Hornet – A la lanterne, préférez le frelon !

  1. Agréablement surpris par cette adaptation. L’univers de Gondry est pourtant particulier mais lorsqu’il est cadré comme ici par Seth Rogen (l’homme multi casquettes) le résultat est plutôt agréable!

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