Récemment nommé à l’Oscar pour sa brillante interprétation dans Le stratège, Jonah Hill sera à l’affiche de deux comédies cette année qui sortiront à une semaine d’écart. La première est The sitter, septième film de David Gordon Green et troisième incursion dans la comédie après les hilarants Délire Express et Votre Majesté. La seconde, c’est l’adaptation sur grand écran de 21 Jump Street, la série qui popularisa Johnny Depp. L’avantage de sortir les films à une semaine d’intervalle est que The Sitter pourra bénéficier de la grosse promotion du deuxième film, blockbuster principalement calibré pour les adolescents.
Sorti depuis décembre aux Etats Unis et distribué dans plusieurs pays depuis, cette comédie est une énième utilisation du concept de la journée ou la nuit folle dans laquelle un héros doit faire face à des péripéties absurdes. Martin Scorsese est sans doute celui qui l’a le mieux expérimenté avec son œuvre grinçante After Hours et ces dernières années, on a vu un florilège d’adaptations franchement pas terribles le réutiliser telles 30 minutes maximum, Crazy night ou les deux Very Bad Trip, même si le réalisateur Todd Philips tentait d’apporter une touche d’originalité au principe avec les gueules de bois les plus connues du monde entier. Gordon Green s’y était essayé lui aussi avec Délire Express mais n’hésitait pas à aller plus loin dans l’outrance et nous livrait ainsi l’œuvre la plus drôle parmi toutes celles citées. A-t-il réitéré le coup avec The sitter ?
En se mettant Jonah Hill dans la poche, il bénéficie d’un gros atout. L’acteur (Funny People, Cyrus, Supergrave) aujourd’hui indispensable dans le paysage de l’humour américain est comme à son habitude parfait et porte le film. Se révélant à la fois vulgaire, touchant, ridicule et charismatique, il démontre qu’il est sans doute le comédien le plus drôle de sa génération, n’hésitant pas à rire de lui-même et ne se prenant jamais au premier degré. Il est entouré par trois mioches fabuleux, dont un chicano poseur de bombes et une « bitch » de 9 ans qui s’écartent des stéréotypes et fourniront le lot de gags prévus, parfois politiquement incorrects, sans jamais perdre leur crédibilité. Grâce à ces quatre personnages, nous avons donc droit à du mauvais goût de qualité.
Mais le scénario n’est malheureusement pas à la hauteur. Voulant offrir quelque chose de nouveau, Gordon Green nous emmène dans un univers de dealers culturistes certes absurde comme on les aime avec en prime un Sam Rockwell (Moon) déjanté mais qui ne fonctionne pas. On est surpris par l’ambiance peu commune mais l’on aimerait que Gordon Green mette plus de punch dans ses répliques et ses situations, qui sont d’une banalité parfois affligeante malgré quelques regains de vigueur par-ci, par-là. Passé cela, tout le reste est plus que prévisible, on croise une jolie fille, des gangstas sympathiques dont un Method Man en forme mais Gordon Green lâche la vulgarité pour quelque chose de plus sobre, comme s’il voulait prouver qu’il sait faire autre chose que le pipi-caca de Votre Majesté (qui nous avait plu, beaufs que nous sommes). Quand le générique défile, la réflexion que l’on déteste se faire arrive : « Une comédie sympa, mais bon sans plus ». On espère que Gordon Green, à l’instar de Ruben Fleischer (Zombieland, 30 minutes maximum), saura proposer quelque chose de frais, de moins sage, plus gras, sans avoir peur de la pression bien pensante des amateurs des films de Garry Marshall (Valentine’s Day, Happy New Year).
Le 13 juin, vous aurez sans aucun doute de plus jolis films à voir que The sitter, sans surprise et qui peut vite décevoir. En revanche, si vous êtes comme nous des inconditionnels de Jonah Hill ou des gosses qui urinent lors des dîners mondains, sachez que c’est bas de plafond mais ça reste tout de même agréable.