Juste avant d’aller voir Avengers, le film dont tout le monde parle qui a réconcilié pas mal de personnes avec les adaptations Marvel, même si le récent Captain America remplissait largement son cahier des charges grâce à la mise en scène old school de Joe Johnston (Wolfman), j’ai décidé de revoir Thor.
C’est qui le blondinet au marteau ? C’est le fils d’Odin, dieu principal de la mythologie nordique. A l’inverse de son papounet, Thor est un barbare, un cogneur arrogant qui a soif de bataille. Lorsqu’il est sur le point de déclencher une guerre contre les Géants de glace, les ennemis des dieux, Thor est banni et atterrit sur Terre. Il y fait la rencontre d’une scientifique qui l’aidera à retourner sur Asgard. Mais lorsque son frère Loki vient lui annoncer en personne qu’il ne pourra pas revenir, Thor est bouleversé et ne comprend pas la décision de son père.
Créé par Jack Kirby et Stan Lee, Thor est un super-héros complexe dont l’évolution et les relations familiales s’apparentent à une tragédie shakespearienne. C’est d’ailleurs pour cela que Kenneth Branagh (Hamlet), spécialiste du dramaturge britannique, a été approché pour réaliser le film. Mais au lieu de livrer une adaptation riche et subtile, Branagh est tombé dans le divertissement lourdaud. L’univers d’Asgard est kitschissime voire de mauvais goût même si la mise en scène tente de retranscrire un monde grandiose, bien supérieur au nôtre. Les décors ne parviennent pas à nous convaincre. En revanche, il faut souligner la qualité de la partition de Patrick Doyle, compositeur fétiche de Branagh, qui réussit à donner tout l’aspect prestigieux que les plans thordus (pardon) n’arrivent pas à reproduire.
En ce qui concerne l’arrivée du dieu du tonnerre sur notre misérable planète, elle tombe souvent dans le ridicule. Humour potache, sidekicks qui ne sont là que pour débiter des vannes (Kat Dennings), on se retrouve avec un héros qui passe des costumes en cuir à la chemise de bûcheron et qui se comporte comme un gros bouseux. Pour ne pas vous mentir, j’ai ri, malgré moi, lors de certains passages, comme par exemple celui dans lequel Thor demande un cheval dans une animalerie. L’autodérision de Branagh est sympathique mais on a le sentiment qu’elle est présente pour cacher un gros manque d’inspiration. Du côté des scènes d’action, il y en a peu dans le long métrage. On retiendra celle contre les gros Mister Freeze et la séquence durant laquelle notre héros tente de récupérer son marteau, qui est entre les mains du S.H.I.E.L.D. Par ailleurs, il utilisera peu souvent l’outil, et pas de manière incroyable. On jettera les trente dernières minutes bâclées, qui contiennent l’horrible bagarre avec un géant de fer façon Le jour où la Terre s’arrêta.
Il y a tout de même quelques bons côtés dans Thor comme l’interprétation de la plupart des comédiens y compris celle de Chris Hemsworth (La cabane dans les bois), nouveau venu qui prouve qu’il a les épaules pour porter un blockbuster de cette ampleur. Anthony Hopkins (Le silence des agneaux) offre une interprétation théâtrale largement convaincante mais son rôle, à l’image de ceux de Rene Russo (L’arme fatale 3) ou Idris Elba (The wire), est trop peu développé et manque d’épaisseur. Il n’y a rien à dire à propos de Natalie Portman (Black Swan) à part qu’elle mérite de meilleurs films. Pour finir, Tom Hiddleston (War Horse) est sans aucun doute le meilleur protagoniste du long métrage. Il interprète Loki, le frère de Thor, perdu entre l’amour pour sa famille et sa jalousie envers son frère qu’il tente de réprimer.
Thor est un film à peu près raté à tous les niveaux. Kenneth Branagh exploite mal les possibilités que lui offre cet univers large, tombe dans le film popcorn bancal et n’arrive pas à retrouver l’aspect poétique de ses anciens longs métrages. On se dit que tout cela n’est qu’un prétexte pour présenter un super héros que l’on a tout de même envie de retrouver dans Avengers. Ce qui n’était franchement pas gagné.
Ça ne va malheureusement pas les empêcher de sortir le deuxième à priori…
« Ce breuvage, j’adore ! Un autre ! »