Le Woody Allen nouveau est arrivé. Cela fait un bon moment que beaucoup pensent que le cinéaste s’est essoufflé et ne nous délivre que de fades recyclages de tous les éléments et questionnements qui ont traversé sa carrière. Mais pas nous. Nous nous obstinons et allons voir chaque année sa livraison avec enthousiasme. Depuis Matchpoint, l’auteur a tourné une nouvelle page de sa filmographie, en s’installant en Europe sauf pour le réjouissant Whatever Works dans lequel il retrouvait son New York adoré. Nous avons donc visité à ses côtés Londres quatre fois, dont une que nous aurions préféré éviter (Scoop), Barcelone (Vicky Cristina Barcelona) et Paris (Minuit à Paris). Aujourd’hui, c’est dans la capitale italienne que nous emmène le petit excité à lunettes pour une balade sympathique mais loin d’être inoubliable.
Comme souvent, plusieurs personnages se croisent et se rencontrent, entament ou terminent une histoire d’amour, parfois les deux en même temps. D’autres cherchent la tranquillité mais seront vite chamboulés par d’étranges événements, comme ce brave Leopoldo qui se retrouve célèbre pour une raison qu’il ne connaît pas ou Jerry, qui découvre que le père de son gendre chante extraordinairement bien, sous la douche.
Même si nous avons énormément apprécié Minuit à Paris ou Whaterver works, nous sommes convaincus qu’Allen ne retrouvera plus la plume qui a fait sa gloire, celle qui pimentait les dialogues géniaux d’Annie Hall ou encore Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe… Sans jamais oser le demander. Mais il est difficile de ne pas sourire devant les situations cocasses présentées dans To Rome with love. On ne rie jamais aux éclats et même si Allen ne bénéficie pas d’un scénario mémorable, il sait toujours s’entourer de comédiens talentueux. Vous pourrez ainsi apprécier Pénélope Cruz jouer la michetonneuse coincée dans un repas avec son faux-mari ; Jesse Eisenberg (The social network), alter ego savoureux d’Allen, batifoler avec la pétillante Ellen Page (Juno) tandis que sa conscience interprétée par Alec Baldwin (Les infiltrés) tente de le rappeler à l’ordre ou un Roberto Benigni assez sobre mais qui finira forcément par faire son numéro de cirque. Côté casting, c’est encore une fois assez impressionnant et Judy Davis (Barton Fink), Allen lui-même, Alison Pill (Scott Pilgrim) ou quelques stars italiennes (Ornella Muti, Ricardo Scarmacio) sont également de la partie.
Depuis plus de 30 ans, Woody Allen aborde des thèmes qui lui sont chers et To Rome with love ne déroge pas à la règle puisqu’il nous parle de célébrité, de sexe, d’amour et d’adultère. L’auteur ne fait pas dans la nouveauté et c’est ce qui est décevant car la créativité de Minuit à Paris pouvait nous laisser présager un retour en forme. Mais non, le juif new-yorkais emballe ses histoires dans une mise en scène assez plate et à travers toutes ces séquences sympathiques, on retrouve des fragments de ses anciens longs métrages, comme c’était le cas dans Vous allez embrasser un bel et sombre inconnu. On apprécie ces bourgeois aux problèmes existentiels mais l’on finit par se demander si Allen a encore quelque chose de vraiment original à nous raconter. On a beau être de grands admirateurs, il faut tout de même reconnaître que les tours du magicien commencent à être limités. Cela dit, on sera tout de même dans les salles obscures en 2013 lorsqu’il y déposera son prochain film.
To Rome with love, comme la plupart des œuvres d’Allen de ces dernières années, est une semi-déception qui parvient tout de même à nous filer le sourire à la sortie, même si ce n’est que pour cinq minutes. Après, si vous en avez marre de vous taper de la pluie et que vous n’avez pas prévu de vacances, laissez vous tenter, ça reste une jolie carte postale.
Je me suis laissé convaincre pour ma part, certainement du aux faits que j’ai passé mes dernières vacances du côté de la cité romaine…
J’irai même jusqu’à dire que c’est l’une de mes productions préférées de Woody Allen sur ces dernières années avec le sulfureux Vicki Cristina