Critique : Total Recall – Déboires programmés

Affiche du film Total Recall : Mémoires Programmées de Len Wiseman sur laquelle nous découvrons les trois personnages principaux ainsi que l'univers futuriste du film.

On ne va pas s’amuser à comparer cette adaptation de la nouvelle Souvenirs à vendre de Philip K. Dick avec celle brillamment réalisée par Paul Verhoeven dans les années 90, ce serait se faire du mal. Les seuls rapports entre les deux films, ce sont le nom du héros et une fille à trois boobs. Pour le reste, les deux œuvres sont complètement différentes et le rapprochement serait de la même envergure que celui fait entre des Crocs et des Louboutin.

Nous sommes dans un futur lointain. Suite à une guerre chimique, la Terre est devenue pratiquement inhabitable. Les humains se partagent deux territoires : l’Union fédérale britannique et la Colonie. Le chancelier de l’UFR, Cohaagen, exerce une forte pression économique et politique sur la Colonie mais il est contré chaque jour par un mouvement révolutionnaire appelé la Résistance. Doug Quaid, homme banal, vit dans ce monde dévasté et n’en peut plus de son quotidien monotone. Un soir, il se rend à Rekall, société qui implante des souvenirs dans notre cerveau et nous fait vivre nos plus grands fantasmes. Mais l’opération ne se passe pas comme prévue et la vie de Quaid déraille complètement. Il se rend compte qu’il est un membre actif de la révolution et que toute sa vie n’est qu’une illusion.

En écrivant ce pitch de quinze lignes, je me rends compte que le film paraît complexe alors que c’est probablement la plus grosse bêtise de l’année. Pendant deux heures, les incohérences scénaristiques s’enchaînent, Colin Farrell tombe de vingt mètres de haut toutes les cinq minutes mais ne se casse jamais une côte. On fait partie des rares qui apprécient encore l’acteur mais là ce n’est pas possible. On se rappellera à jamais ce regard de chien battu qui précède la phrase : « Si je suis pas moi, alors je suis qui bordel de Dieu ? ». L’humour qui était présent dans le premier film a totalement disparu et cette fois on reste très sérieux jusqu’au bout. Wiseman est plus occupé à filmer le boule de sa femme Kate Beckinsale plutôt que ses seconds rôles et l’on se demande pourquoi le réalisateur a fait appel à Bill Nighy (Love actually) alors qu’il aurait pu prendre un simple figurant.

Au niveau de l’action, il y a des ralentis, des high kicks mal montés, des faux plans séquences qui s’enchaînent à toute berzingue et les trois quarts des décors sont complètement démolis lorsque le générique de fin apparaît. Le propos social est tellement déjà-vu qu’il en devient risible et l’on préfère quand Wiseman fait tout péter car lorsqu’il s’essaye au discours politique et à la critique du totalitarisme, il lorgne plutôt du côté de Babar que de celui du Dictateur ou du Dernier roi d’Ecosse. On ne doute jamais de l’identité du héros alors que la schizophrénie et la paranoïa sont les thèmes principaux de l’histoire. Vous l’aurez compris, Total Recall est une belle réussite, subtile et intelligente.

Photo de Colin Farrell et Jessica Biel dans le film Total Recall : Mémoires Programmées de Len Wiseman. Pris au piège, Farrell et Biel sont dos à dos, armés et en panique.Mais malgré tout, dire que l’on s’est ennuyé devant cette purge serait un mensonge et il faut avouer que l’on a trouvé les séquences d’action plus funs que celles des précédentes bouses de Wiseman (Die Hard 4, Underworld). Même si l’univers est mal exploité, il n’en demeure pas moins sublime et les effets spéciaux sont impressionnants. De plus, la photographie est impeccable, la musique de Gregson-Williams ultra efficace et la présence de Jessica Biel rehausse quelque peu le niveau général de l’interprétation. C’est dire.

On le savait, ce nouveau Total Recall ne sert strictement à rien mais comme d’habitude, nous y sommes tout de même allés. Dire que contribuer au succès de ce long métrage permettra à Wiseman de nous entuber une fois de plus, c’est triste. L’être humain est faible…

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