Critique : Trust – Toucher sans claquer

Affiche du film Trust sur laquelle une adolescente est allongée sur son lit.

Depuis la fin de la série Friends, tous les acteurs ont tenté de continuer leur carrière sur le petit écran. Certains ont su retrouver des rôles comiques dans des séries pas trop mal réputées, comme Matt Leblanc qui vient d’être récompensé d’un Golden Globe pour son jeu dans Episodes. D’autres tentent tant bien que mal de ne pas tomber dans l’oubli (Matthew Perry). David Schwimmer préfère continuer son chemin discrètement, s’attardant sur des projets qui lui tiennent à cœur. Entre deux épisodes de Madagascar pour lesquels il prête sa voix à la girafe Melman, il réalise son premier long métrage, la comédie Cours toujours Dennis (2007) avec le british Simon Pegg (Shaun Of The Dead). Et en 2011, il réitère le coup avec le drame Trust.

La jeune Annie rencontre Charlie sur un chat. Elle a 14 ans et entre au lycée. Lui a déjà entamé le secondaire et il la rassure sur ses appréhensions. Une relation de confiance s’instaure entre eux et Annie se sent à l’aise. Elle tombe amoureuse. Seulement voilà, Charlie lui a menti, il a 20 ans…

En traitant le sujet de la pédophilie sur Internet, Schwimmer avait beaucoup de chances de tomber dans la spirale des drames américains racoleurs et en quête d’Oscars. Au lieu de ça, avec une mise en scène pudique, sobre mais toujours efficace, il réalise un film froid qui questionne le spectateur sans le choquer. En effet, il n’y a aucune séquence « insupportable » comme celles d’Irréversible de Gaspar Noé ou des Chiens de paille de Sam Peckinpah. Ce que le metteur en scène veut montrer, ce sont les conséquences du drame et ce qu’il y a après. En variant intelligemment les points de vue des protagonistes, il nous met dans leur peau et nous fait comprendre leur malaise et la source d’incompréhensions qui va en découler. Ainsi, nous passons des pensées de la fille perdue et amoureuse à celles de son père autant perdu et impuissant.

Sans faire dans « le film témoignage à montrer aux enfants », l’œuvre nous met devant certains dangers de la toile de manière intime. Le mal n’est jamais visuel mais toujours sonore ou écrit. On ne le voit presque jamais agir de face. En apparence, il est « normal ». On assiste à la déconstruction logique de la famille. Schwimmer varie les genres, instaurant parfois même un suspense et nous laisse croire à la vengeance du père. Il ouvre certaines pistes, les referme et le spectateur comprend que les intentions ne font pas toujours les actions. Il opte pour un cinéma réaliste et c’est un bon choix. Cela se ressent également avec la fin du film, cynique, mais qui ne nous surprend pas vraiment.

Trust est une œuvre indépendante intéressante, portée par des comédiens brillants, à l’image du remarquable Clive Owen (Les fils de l’homme) et de Catherine Keener (40 ans toujours puceau). David Schwimmer parvient à aborder un sujet grave sans artifices et avec sincérité. C’est sans aucun doute le meilleur traitement possible.

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