Critique : Un monde parfait – Les fugitifs

Affiche du film Un monde parfait de Clint Eastwood. Kevin Costner et T.J. Lowther marchent devant une voiture au centre de l'affiche devant un fond blanc. En haut à droite, le visage de Clint Eastwood est visible.

Gran Torino, Million Dollar Baby, Mémoires de nos pères… Ces dix dernières années, Clint Eastwood a fait très fort, malgré quelques erreurs de parcours (Au delà, J.Edgar) qui restaient tout de même honorables. On en oublierait presque que depuis son premier film en tant que réalisateur, Un frisson dans la nuit, le papy a toujours mis en scène des œuvres correctes voire réellement puissantes (Josey Wales hors la loi), en particulier dans les années 90, la décennie durant laquelle il s’est affirmé à nos yeux comme un véritable auteur. La preuve avec Un monde parfait.

Dans les années 60, le criminel Butch Haynes s’évade de prison avec l’aide d’un complice. Pour s’en sortir vivant, ils prennent en otage le jeune Philip. C’est le début d’une longue cavale sur les routes du Texas pendant laquelle l’enfant et Butch vont se lier d’amitié.

L’amitié improbable, c’est quelque chose qui a la côte dans le septième art. Un film français l’a encore prouvé l’année dernière en s’imposant comme le deuxième plus gros carton du box office hexagonal. Près de vingt ans plus tard, le long métrage d’Eastwood a pris un léger coup de vieux, dégage un goût de déjà vu mais la recette fonctionne toujours à merveille. Comme à son habitude, Eastwood développe ses personnages avec simplicité mais se révèle assez subtil. Il joue sur le passé trouble de Butch et sur l’éducation religieuse de Philip, témoin de Jéhovah. Forcément, cela donne lieu à des situations improbables, touchantes et drôles. L’innocence de Philip fait contraste avec la violence de Butch.

Photo de Kevin Costner et T.J. Lowther dans le film Un Monde Parfait de Clint Eastwood. Les deux personnages sont assis et adossés à une voiture en pleine campagne.

Evidemment, Butch sera le père que Philip n’a jamais eu le temps d’un voyage qui devrait le conduire jusqu’à son propre paternel. Eastwood nous enfonce dans les paysages routiers américains à bord d’une Ford et nous fait rêver. Arrêts dans des diner, visite chez les rednecks, le réalisateur fait une reconstitution des sixties correcte mais ce n’est pas ce qu’on retiendra le plus, d’autant plus que ce n’est pas son but. Celui qui se faisait traiter de réactionnaire et de fasciste en France dans les années 70 prouve une nouvelle fois qu’il sait analyser avec brio les rapports humains.

Clint a l’intelligence de placer en retrait le personnage qu’il interprète, laissant Costner exploser et signer sa plus belle prestation. Jouant le rôle du sheriff chargé de le retrouver, il se fait plaisir en se glissant dans la peau d’un flic macho et misogyne. Rassurez vous, il n’en demeure pas moins sympathique et il réussit tout de même à séduire Laura Dern (Sailor & Lula), sa coéquipière sur l’affaire. Depuis 40 ans, Clint a compris qu’il pouvait incarner ce qu’il n’était pas dans la vraie vie, un romantique au cœur tendre malgré son apparence ferme et intransigeante. On adore le bonhomme mais quand on connaît ses relations tumultueuses avec les femmes, on ne peut que rigoler de l’image qu’il se donne dans ses oeuvres.

Un monde parfait est un film doux, dur mais trop classique pour être dingue. A la fois mélancolique et bourré d’humour, le long métrage comporte tous les éléments qui ont fait le succès de la star. Quand il s’agit de nous émouvoir et de nous faire verser une larme, le briscard reste le maître.

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