Critique : Vampires – Qui a dit qu’une série B ne rimait jamais avec intelligence ?

Poster du film Vampires réalisé par John Carpenter. Nous y voyons la bande de chasseurs de vampires au moment d'un lever de soleil. Au dessus d'eux, nous voyons le visage du grand méchant du film.

Les films de vampires, ce n’est plus ce que c’était. Nous n’en voulons pas particulièrement à Edward Cullen. Mais lui et sa bande n’ont pas forcément  fait avancer les choses, bien au contraire. Aujourd’hui, toute adaptation qui tente de revisiter le mythe de ces créatures, qu’elle soit télévisuelle ou cinématographique, ne peut s’empêcher de tomber soit dans le ridicule, soit dans la mièvrerie. Ces dernières années, les trois seules œuvres qui ont su éviter ces deux options sont Morse, film suédois sorti en 2008, son remake américain Laisse moi entrer réalisé deux ans plus tard et Thirst, ceci est mon sang (2009) mis en scène par le coréen Park Chan Wook. Dans tout le reste, il y a eu quelques œuvres sympathiques comme 30 jours de nuit (2007) qui restent très inégales et se laissent rattraper par leurs défauts.

En 1998, le Prince des Ténèbres John Carpenter réalisait le grand Vampires, énième « fuck » de son auteur aux studios hollywoodiens et série B sous estimée. Dans son film, le Maître va à l’encontre de nombreuses œuvres sorties récemment. Ici, les vampires sont des monstres terrifiants qui veulent juste se rafraîchir sans se poser de questions. Surgissant de la terre, ils errent sur les territoires de l’Ouest américain dans le but de trouver de nouvelles proies. Mais ils ne peuvent pas le faire en toute impunité, car des équipes de slayers envoyées par le Vatican les traquent. Parmi elles, nous suivons celle dirigée par James Woods, qui incarne brillamment un personnage bad-ass qui n’est pas sans nous rappeler ce bon vieux Snake Plisken.

Photo de John Carpenter et Thomas Ian Griffith sur le tournage de Vampires. Le premier conseille le second.

Comme dans tous ses films, Carpenter glisse habilement dans son scénario des métaphores sur la société américaine et en particulier sur l’industrie du cinéma. Méprisé par les critiques, rejeté par les studios, le cinéaste est à l’image de notre héros, obligé d’agir seul dans le but de construire des œuvres véritablement sincères qui lui correspondent. Le bras droit de Woods incarné par Daniel Baldwin nous le dit clairement : « Il ne reste plus que nous. » Carpenter l’a dit lui aussi. Il est l’un des rares à ne pas être tombé dans les pièges de la société hollywoodienne pendant plus de 30 ans. Il y aura d’ailleurs laissé sa carrière. C’est donc à juste titre que nous lui pardonnerons sa casquette de producteur sur des nanars comme le remake du cultissime Fog (1980).

Vampires est loin d’être le meilleur film de son auteur. En attendant, il s’impose en respectant tous les codes du Film de vampires et en emprunte magistralement certains au Western. Cette œuvre parfois cruelle, parfois drôle, est un véritable plaisir gore malgré quelques effets un peu cheap (faute de budget). Vampires est un long métrage plus complexe qu’il n’y paraît. C’est d’ailleurs à cela que l’on reconnaît un Maître.

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1 réponse à Critique : Vampires – Qui a dit qu’une série B ne rimait jamais avec intelligence ?

  1. Je me souviens être sorti déçu de ce film, à l’époque. Je ne l’ai jamais revu depuis…

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