On a toujours eu un faible pour les films de gangsters anglais. Ce n’est pas l’escroc Guy Ritchie qui a provoqué notre amour pour le genre même si sa trilogie londonienne ne manquait pas d’efficacité. Ce sont plutôt des artistes comme Michael Caine, Sean Connery et Mike Hodges qui nous ont initiés à ces œuvres racées avec des long métrages comme La loi du milieu, Le gang Anderson ou encore Icpress ; Danger Immédiat.
Aujourd’hui, de jeunes cinéastes comme Ben Wheatley (Kill List, Touristes) ou Ben Drew (Ill Manors) parviennent encore à surprendre le public et des séries comme Luther ou Love/Hate perpétuent la tradition et nous entrainent dans la grisaille du Royaume Uni où criminels et policiers s’affrontent.
Si l’on apprécie tous ces programmes, c’est parce qu’ils nous présentent des personnages complexes. Idris Elba continue de le prouver avec son interprétation de Luther, flic imprévisible doté d’une intelligence hors du commun qui a le chic pour se mettre dans des situations inconfortables. S’ils sont généralement très sombres, les thrillers anglais ne sont jamais dénués d’humour, généralement amené par les protagonistes désabusés et portés sur le cynisme. Violents, ils tentent parfois de mettre en avant des problèmes sociaux comme la corruption ou le quotidien des cités. L’excellent Harry Brown en est le parfait exemple.
Toutes ces qualités, le récent Welcome to the Punch les a et malgré cela, vous n’aurez pas l’occasion de le découvrir en salles. Pourtant, cette sympathique série B ne manque pas de cachet car elle est portée par deux comédiens habitués du genre et produite par Monsieur Ridley Scott (Gladiator). Le succès n’a malheureusement pas été au rendez-vous et les distributeurs français ont pensé qu’une exploitation en vidéo serait largement suffisante,malgré la présence de l’œuvre au Festival du Film policier de Beaune.
Le synopsis est assez classique. McAvoy interprète un flic traquant un braqueur méthodique, incarné par Mark Strong, qui a pris la fuite pour se réfugier en Islande. Lorsque le fils de ce dernier se retrouve dans une sombre histoire impliquant des policiers ainsi que d’anciens soldats, Strong décide de revenir en Angleterre pour le sauver. Cela donnera l’occasion à McAvoy de relancer la traque qui a failli le détruire quelques années auparavant.
Rien de vraiment innovant donc mais cela n’empêche pas le réalisateur Eran Creevy de signer un long métrage tout à fait honorable. La confrontation entre les deux acteurs est particulièrement captivante notamment lorsqu’un rebondissement inattendu les force à collaborer. Les scènes d’action sont peu nombreuses et l’on se focalise plutôt sur l’enquête que les deux héros mènent chacun de leur côté. Le twist final est prévisible mais il permet de conclure Welcome to the punch sur des séquences nerveuses brillamment mises en scène. Dans les seconds rôles, nous retrouvons Peter Mullan, à l’aise aussi bien dans des drames intimistes (Tyrannosaur) que dans des films de ce calibre. Andrea Riseborough confirme après Shadow Dancer qu’on ne peut rien lui reprocher.
Thriller sans prétention, Welcome to the punch ne laissera pas un souvenir impérissable mais il s’avère néanmoins supérieur à certaines bourrinades stathamiennes filmées dans les bas fonds de Londres qui ont la chance d’être diffusées au cinéma (Blitz, Crazy Joe). Si vous aimez les durs à cuire britanniques charismatiques, ce divertissement est fait pour vous.