Les films Marvel ont beaucoup de mal à trouver un nouveau souffle. Si les Avengers s’étaient bien amusés tous ensemble, leur carrière solo s’est avérée largement décevante. Parmi les bonnes surprises, nous retrouvions X-Men : Au commencement qui renouvelait une franchise détruite par ce cochon de Brett Ratner coupable du troisième épisode et cet escroc de Gavin Hood qui avait ridiculisé Wolverine, ce héros sanguinaire qui n’a jamais eu droit à une œuvre à la hauteur de son charisme.
Aujourd’hui, ô joie, le poilu revient dans un deuxième long métrage qui lui est entièrement consacré. Et cette fois-ci, il s’en va au Japon pour honorer un ami qu’il avait sauvé durant la Seconde Guerre Mondiale. Mais ce que Logan ne sait pas, c’est que le vieillard mourant a une offre particulière à lui faire.
La perte des pouvoirs, la vulnérabilité, le deuil d’un être cher… Ces thèmes qui ne sont pas du tout à la mode dans les films de super-héros sont essentiels dans ce nouveau Wolverine qui se déroule après la mort de Jean Grey. On pouvait espérer de la part de James Mangold (Walk The Line, Copland) une approche subtile de toutes ces faiblesses qui viennent s’opposer à la légendaire sauvagerie du monstre. Malheureusement, l’exil du personnage principal est traité en dix minutes et l’on se retrouve illico presto au Japon. Là encore, certaines idées intéressantes comme le fait d’assimiler Logan à un Ronin, un samouraï qui ne sert aucun maître, ne sont abordées qu’en surface et finalement, le voyage n’est qu’un prétexte pour que Wolverine combatte une horde de ninjas qui manient le sabre et l’arc avec brio. Intégrer un minimum de mythologie, cela aurait été trop compliqué et aurait demandé des efforts d’ouverture d’esprit de la part des bouffeurs de popcorn.
Comme Stallone dans Copland, Hugh Jackman, tout en grognements et en contractions de biceps, combat des hommes corrompus jusqu’à la moelle. Il est aidé par Yukio (Rila Fukushima), une mutante présente pour la touche d’humour et d’ironie. Leurs combats ne sont malheureusement pas impressionnants par rapport à tous ceux que l’on a vus ces derniers temps dans Iron Man 3 ou Pacific Rim. La 3D est inutile et certains effets spéciaux se révèlent assez faibles, notamment dans le dernier tiers lorsque l’homme aux griffes doit affronter Viper, une méchante dépourvue de toute épaisseur, à l’image du reste de l’œuvre.
Mangold aurait pu utiliser le contexte historique de la Seconde Guerre Mondiale pour nous faire découvrir une nouvelle facette du héros complexe obligé de traverser les siècles avec ses souffrances. Mais non. Le réalisateur qui nous avait offert de jolies séquences romantiques dans Walk The Line n’arrive pas à traiter les affaires de cœur de Logan. Tout le propos sur l’immortalité est passé à la trappe et ce qui nous intéresse, ce sont comme toujours les pouvoirs et leur disparition. On a donc l’impression que Wolverine n’est qu’un produit brouillon qui aborde ou exploite de façon sommaire des éléments dotés d’un grand potentiel. Une nouvelle fois, Marvel nous sert un film convenu qui oublie l’essence même des comics, la présentation de personnages ambigus tiraillés entre leurs valeurs morales et l’appréhension de leurs dons.
Mais le principal, c’est que Wolvie court, fasse des sauts de quatre mètres pour démolir des méchants yakuzas et des samouraïs géants en acier. Cela plaira sans doute aux enfants, énergumènes dénués de pensées rationnelles auxquels nous n’allons pas tarder à ressembler si l’on continue à consommer de telles « choses » vides de sens. Et payer pour voir une fin de générique sympathique qui annonce le prochain volet des X-Men, est-ce vraiment raisonnable ?